Lorsqu’on découvre mon parcours professionnel et mes multiples « reconversions », on me demande souvent si j’ai enfin trouvé MA voie. Comme s’il y avait un métier idéal pour chacun, que certains auraient la chance de trouver dès le départ, et que d’autres passeraient leur vie à chercher.
Personnellement, je ne crois pas qu’il existe un métier unique qui nous serait destiné, mais plutôt différents métiers qui s’accordent aux différentes étapes de notre vie. Ces expériences se succèdent comme les chapitres d’un roman, imprévisibles mais liées entre elles pour former un tout dont nous seuls connaissons la cohérence. Chacun peut avoir un chapitre ou plusieurs chapitres préférés, bien-sûr, mais c’est au milieu des autres qu’ils prennent tout leur sens.
Une chose est certaine : pour avancer, les « écrivains de carrière » que nous sommes ne peuvent pas demander l’avis des lecteurs à chaque étape de l’écriture de leur roman. J’en veux pour preuve les commentaires reçus au fil de mes propres chapitres.
Chapitre 1 : la finance
« Vous travailliez dans la finance ? Pas étonnant que vous ayez voulu changer : c’est un milieu de requins, pas très épanouissant… »
Pourtant si j’ai choisi d’étudier la finance, puis d’y travailler pendant 15 ans, c’était bien pour m’y épanouir : comprendre le fonctionnement d’un pan important de l’économie, évoluer dans un environnement rapide, stimulant, avec une dimension internationale enrichissante. Non seulement c’est ce que j’y ai trouvé mais en prime – ô surprise – je m’y suis fait des amis. Des gens passionnés, compétents, honnêtes, humains.
Après 5 ans sur les marchés financiers, je suis passée en entreprise, dans une grande foncière cotée, où j’étais responsable des financements, de la trésorerie et de la communication financière. Je suis ensuite retournée dans la banque, en gestion actif-passif, avant de… démissionner.
Pourquoi ? Un début de lassitude, l’envie de découvrir d’autres environnements, d’autres profils, d’autres milieux…. Et surtout la conviction que l’herbe peut être verte à plusieurs endroits !
Chapitre 2 : l’enseignement
« Vous êtes allée à l’Éducation Nationale ?! Vous vouliez sûrement avoir du temps libre pour vos enfants… »
Pas vraiment. Les premières années n’ont pas été de tout repos. 4 quart-temps pour débuter (CE1 le lundi, CE2 le mardi, CM1 le jeudi, CM1/CM2 le vendredi !), avant d’avoir ma classe… en éducation prioritaire, forcément.
Mais quelle aventure formidable ! Et là encore, ô surprise : de nombreux enseignants travaillent sans compter, soirs et week-ends. Pour que chaque élève ait des tâches à sa portée, pour que l’organisation millimétrée des activités limite les problèmes de comportement et d’attention, pour monter des projets favorisant la confiance et l’épanouissement, quels que soient les obstacles personnels.
Et puis, parmi les enfants, certains ont besoin d’une attention particulière, voire ne peuvent pas apprendre au milieu des autres. C’est en les rencontrant que j’ai eu envie de me spécialiser dans l’autisme. Je travaille actuellement dans un hôpital de jour pour enfants et adolescents porteurs de troubles autistiques ou de troubles psychiques. J’y ai découvert des enfants surprenants et attachants, des soignants investis, attentionnés et ouverts, des parents courageux et pleins d’amour. J’ai la chance de pouvoir proposer des activités pédagogiques sur-mesure, avec la certitude que, quel que soit leur rythme, ces enfants peuvent progresser.
À la rentrée prochaine, je quitterai l’hôpital pour coordonner une unité d’inclusion pour des élèves porteurs d’autisme en collège, où je pourrai m’impliquer davantage sur leur orientation professionnelle.
Chapitre 3 : l’écriture de romans
« Travailler avec des enfants en difficulté, ça doit être éprouvant. C’est pour ça que vous avez écrit un livre, non ? Pour évacuer la pression ? »
Et bien non. Certes, mon premier roman, Le dernier secret de Zoe, est inspiré d’une rencontre réelle avec une élève, qui m’a particulièrement touchée. Mais l’écriture est surtout pour moi une source de plaisir immense. Choisir les mots, pour leur sens mais aussi leur musicalité. Imaginer des personnages dans les moindres détails de leur existence et de leur personnalité – détails qui resteront pour la plupart connus de moi seule, mais qui me sont indispensables pour nourrir leur cohérence. Distiller les éléments de l’intrigue en espérant maintenir l’intérêt du lecteur à chaque chapitre voire chaque page…
Ce plaisir de l’écriture a été décuplé dès que j’ai franchi le cap de la publication, parce qu’il m’a permis d’échanger avec les lecteurs. J’ai aussi découvert avec fascination le monde bienveillant des chroniqueurs littéraires sur les réseaux sociaux, « bookstagrammeurs » et « booktokeurs », qui partagent avec enthousiasme leur passion pour les livres. Encore un milieu différent dont je n’avais pas connaissance !
Je conclurai en citant l’un de mes personnages : « Plus j’avance dans la vie, plus j’ai l’impression que ce sont les rencontres qui font la valeur des expériences. »
Nos parcours professionnels peuvent être faits de chapitres plus ou moins heureux, mais il y a toujours de nouvelles rencontres qui nous attendent. Alors, n’hésitez pas à écrire vos prochains chapitres et embrassez les opportunités de changer de voie. Le ‘happy end’ est à portée de main !
Le dernier secret de Zoe d’Anna Bruner (ebook et livre broché sur Amazon)
Site internet d’Anna Bruner
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