Après 15 années dans la communication, Charline entame la reconversion de ses rêves : devenir libraire et ouvrir sa propre librairie indépendante ! « Plus personne ne lit et Amazon domine le marché » lui diront les rageurs. « C’est ce qu’on verra ! ». Charline ouvre son commerce début 2018 et propose de nombreuses rencontres autour de la lecture et de la créativité : le succès est au RDV et sa librairie ne désemplit pas !
Elle partage aujourd’hui avec nous ce qui l’a poussé à se lancer, les difficultés qu’elle a rencontré sur son chemin et le bonheur quotidien que lui apporte son nouveau métier !
Charline, tu as ouvert ta librairie il y a un an après plusieurs années en tant que consultant en communication en ESS. Raconte-nous ton parcours :
J’ai travaillé en effet 15 ans dans la communication. J’ai créé ma propre société de conseil en 2010. Mais le conseil est un métier usant. Surtout quand on a sa propre entreprise. Et j’avais besoin de « conseiller » autrement. Et de m’ancrer dans un lieu. Ne plus être par monts et par vaux. Je suis une grande lectrice et une entrepreneuse. L’idée à donc germé…
Ouvrir une librairie, c’est un rêve pour beaucoup. Quel a été le déclic pour te lancer ? Que s’est-il passé entre le moment où tu t’es dit « Je me lance » et le premier jour d’ouverture de ta librairie ?
En 2014, après plusieurs mois de réflexion, j’ai décidé de suivre une formation théorique au métier de libraire à l’Institut National de Formation des Libraires. Histoire de valider que cette idée correspondait à ce que je pouvais et aimais faire. Evidemment, je devais ensuite me confronter à la réalité terrain. J’ai enchaîné avec un stage au Furet du Nord et un CDD chez Mollat. Mais dès mes premières heures de stage, j’ai su que c’était là que je devais être : en boutique, à conseiller les lecteurs. Ensuite j’avais envie de mon propre magasin. J’avais déjà connu la création d’entreprise avant. Donc cela ne me faisait pas peur. Je me suis donc mise en quête d’un local, dans mon quartier aux Chartrons. Une librairie avait fermé quelques années plus tôt. Beaucoup de jeunes familles s’y installaient. Je sentais qu’il y avait un ‘créneau’ à prendre. J’ai trouvé le local idéal en octobre 2017. J’ai eu les clés le 15 janvier 2018 et ouvert fin février 2018.
Dès mes premières heures de stage, j’ai su que c’était là que je devais être !
« Je ne pense pas que ce sera mon dernier métier. »
Cette reconversion, c’est une vocation ? Tu t’imagines exercer le métier de libraire jusqu’à la retraite ?
C’est une merveilleuse étape dans ma vie professionnelle et personnelle. Je m’éclate et j’apprends encore tous les jours. Mais je ne pense pas que ce sera mon dernier métier. J’ai 44 ans, je suis toute jeune ! J’ai plein de choses à imaginer encore.
Y a-t-il des imprévus/inconvénients dans ce métier, que tu n’avais pas identifié avant de commencer à exercer ?
C’est un métier très physique. Dans une petite librairie comme la mienne, on reçoit une trentaine de cartons par semaine. Ce qui fait beaucoup de poids à transporter. Et puis il y a aussi les heures d’ouverture du magasin. J’ai choisi d’ouvrir en continu, pour proposer le meilleur service possible. Mais ça veut dire 10h-19h devant les clients, sans pause. Donc c’est exigeant.
Qu’est ce que tu adores par dessus tout dans ton métier de libraire ?
Rencontrer des personnes, avec des histoires, des envies, des goûts uniques. Chacun arrive des demandes différentes. Donc je ne m’ennuie jamais !
Et puis je reçois beaucoup de bienveillance. Les habitants de mon quartier sont ravis de l’installation de la librairie, et me remercie souvent. C’est un shoot de vitamines inimaginable !
Existe-t-il un cliché sur le métier de libraire que tu aimerais soulever ?
Non, on ne passe pas notre temps à lire derrière la caisse. Moi je lis le soir, dans mon lit !
Par contre, pointer des factures, je peux y passer du temps ! Être libraire, c’est gérer un flux de marchandises. Savoir ce qu’on a en stock, renvoyer des articles, prévoir nos dettes fournisseurs. Bref, c’est un métier de gestionnaire, de gestionnaire passionnée, certes, mais d’abord de gestionnaire !
Je reçois beaucoup de bienveillance.
Pour tenir face au commerce en ligne, on doit proposer plus que la « simple » vente de livres.
En me promenant sur ta page Facebook, je constate que tu proposes beaucoup d’évènements au sein de ta librairie ? Qu’est ce que cela t’apporte ?
Les librairies doivent être aussi des lieux de vie. Pour tenir face au commerce en ligne, on doit proposer plus que la « simple » vente de livres. Pour l’animation, mon ancien métier de communicante m’aide beaucoup. Je propose par exemple, des soirées pour adultes autour d’un thème (ex : flic et polar) ou l’heure du conte tous les mercredi matin. Et aussi beaucoup de loisirs créatifs pour les enfants. Les jeunes parents du quartier en sont très friands.
Commercialement, les animations créent de la venue dans le magasin et donc des achats. Personnellement, j’aime recevoir des enfants dans la librairie, leur énergie me booste. C’est à eux qu’il faut donner l’envie de lire. Il ne faut pas qu’ils aient peur de venir en librairie. Et avoir un bon relationnel avec son libraire permet de ‘dédramatiser’ la venue en librairie.
Est ce que les compétences que tu avais acquis lors de ta précédente vie professionnelle te serve encore aujourd’hui ?
Mes compétences en termes de communication et événement me permettent d’être très présente sur les réseaux sociaux et cela créé de la visibilité. Et même des commandes directement par Instagram ou Facebook.
Si tu devais donner 3 conseils aux personnes qui souhaitent se lancer dans une carrière autour des métiers du livre ?
– Réaliser un stage en immersion au moins une semaine dans une librairie, pour comprendre toutes les tâches quotidiennes du libraire (réception, entrée en stock, rangement, orientation et conseil aux clients)
– Ne pas écouter les rageurs qui disent que plus personne ne lit, et qu’Amazon est trop puissant !
– Prendre son temps, ne pas se décourager. Si tout ne va pas aussi vite qu’on le prévoit. Si on est déterminé, le succès est au bout. Et si on rencontre des échecs, on apprend aussi.
Quelles sont tes envies pour demain ?
– Agrandir le rayon BD car c’est un des segments le plus dynamique de l’édition depuis quelques années,
– Travailler sur l’aménagement intérieur du magasin, pour encore plus de ‘cosyness’,
– Développer mes relations avec les écoles du quartier pour devenir leur fournisseur officiel !
On te retrouve où ? On te contacte comment ?
Sur Facebook : ma page
et Instagram : @lalibrairiedeschartrons.
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